mercredi 11 juin 2008

Vrai ou pas… c’est ma question, ici dans le couloir de la mort, par Kevin Watts

Pourquoi la société a-t-elle choisi de me tuer ? Pense-t-elle que cela résoudra tous les problèmes ? Je n’ai jamais connu manière plus dure et plus cruelle de s’occuper d’une « âme perdue », punir quelqu’un en lui ôtant la vie est totalement hors de propos dans la manière et dans la forme... Est-il possible que notre société soit à ce point haineuse ? Un prisonnier du couloir de la mort n’est pas un animal sauvage et indompté. Pour cette raison, la volonté de le réhabiliter devrait être infiniment plus forte que la volonté de l’assassiner. Vous devez probablement vous demander parfois combien de chances nous accordons à ceux qui posent constamment problème à la société. Vous êtes-vous parfois demandé combien, dans le couloir, n’ont jamais eu la moindre chance, combien n’ont jamais eu le moindre problème avec la loi ? Trop de gens pensent systématiquement que si on est bon à être envoyé dans le couloir, on doit alors être un individu avec un lourd passé criminel…… Vrai ou pas ? Le système nous présente comme des animaux et des brutes et les procureurs fabriquent l’image qui justifie leur chèque de fin de mois. Ils ont adopté le concept « ce n’est pas personnel, c’est du business. » Est-ce que cela peut justifier les pratiques injustes qui nous font condamner à mort ? Vrai ou pas ? Pour connaître nos sentiments, nos pensées et nos intentions, il faut créer une relation personnelle, une communication, un lien sincère qui nous lie les uns aux autres. Comment peut-on prétendre, si l’on n’a pas au préalable créé une relation sincère avec un individu, que cet individu est un animal, une bête et que l’idée même de réhabilitation ne peut être envisagée. Si cela dépasse votre imagination, essayez d’imaginer ce que cela peut faire à un individu qui n’a pas la moindre chance de prouver son innocence ni même qu’il est digne de réhabilitation… Ces individus ont été dépouillés de cette chance. Pourquoi ? Parce que le système est devenu injuste et malhonnête…Vrai ou pas' Il y a énormément de gens qui pensent que tuer un prisonnier du couloir de la mort n’est pas la solution au problème. Ils sont nombreux également qui se taisent, beaucoup aussi en faveur de la peine de mort. Mais au fond d’eux-mêmes ceux qui écoutent leur conscience savent que la mort n’est pas la solution. Ceux qui gardent le silence ne savent pas à quel point ils ont tort d’être muets, cautionnent ceux qui s’opposent à la réhabilitation et exigent la mort des détenus du couloir. Si nous ne pouvons pas les amener à faire comprendre l’importance de la réhabilitation plutôt que l’assassinat des détenus, alors la volonté de donner liberté et justice à tous « dysfonctionne » et n’est pas reconnue… Je vois la réhabilitation comme une chance, parce que certains ne sont pas physiquement innocents dans le couloir mais ils le sont psychologiquement et doivent bénéficier d’une prise en charge psychiatrique. Donc, la réhabilitation est nécessaire et ne doit pas être considérée comme inutile… Vrai ou pas ? Maintenant, pensez à tous ceux, accusés faussement, qui ont été exécutés partout en Amérique. Les exécutions ne devraient-elles pas faire l’objet d’une analyse pertinente ? Tellement d’hommes ont été faussement accusés et assassinés. Le système a trouvé le moyen de manipuler la société afin de lui faire croire que le simple fait d’être accusé d’un crime fait de l’individu quelqu’un de susceptible de commettre ce crime. C’est tout simplement injuste et malhonnête. Exécution ou meurtre… Vrai ou pas ? Vous avez deux cas de figure qui maintiennent l’application de la peine de mort de manière abominable : 1. On ne peut pas bénéficier du privilège de la réhabilitation parce que notre vie est considérée comme inutile et « non-humaine » 2. Celui qui est faussement accusé et tué par « présomption ». Depuis quand la loi dit-elle qu’on peut être coupable par « présomption » ? N’était-il pas coupable parce que sa culpabilité a été prouvée de manière indiscutable ? Le système est devenu tellement fasciné par ses propres assassinats qu’il manipule les preuves, les falsifie (atténuantes, acceptables, inacceptables) afin de tuer celui qu’on a faussement accusé. Pourquoi ? Parce que comme je l’ai dit plus haut, la société « présume », « suggère » que la personne est susceptible de commettre ce crime du moment qu’elle en est accusée. La soif des exécutions / meurtres devient écœurante. Cette soif n’est jamais rassasiée. Quand donc la société reconnaîtra-t-elle que la justice, pour les détenus du couloir, est d’abolir la sentence de mort ? Beaucoup dans le couloir ont fini de croire et d’espérer que la justice prévaudra et sont volontaires pour l’exécution. Un départ prématuré aux mains de l’oppresseur. Pourquoi ? Parce qu’ils croient que le système a tellement manipulé les lois et la société que la mort est inévitable. Vous êtes les seuls à pouvoir rendre juste ce qui est injuste, en abolissant la peine de mort.
Kevin Michael Watts

Kevin a une date : le 16 octobre 2008.

jeudi 27 mars 2008

En 1976, la Cour Suprême des Etats-Unis a rétabli la peine de mort. Le 2 décembre dernier, Kenneth Lee Boyd, 57 ans, a été exécuté.
Il était la 1000e personne à être mise à mort aux Etats-Unis, depuis 1976.Prenons le temps de ressentir le poids terrible de ces chiffres, de ce meurtre et des 999 autres qui l’ont précédé.***

Le meurtre judiciaire est un affront à la dignité humaine, une sordide loi du Talion, indigne de nous, mais qui traverse, hélas, toute l’histoire humaine.Cela perdurera jusqu’en 1786. C’est en effet cette année-là que le Grand Duché de Toscane devient le premier État souverain à abolir la peine de mort. On peut n’y voir, sans doute, qu’un mince trait de lumière dans la sombre nuit de la vengeance: mais il ne va plus cesser de grandir, de s’amplifier et de faire reculer les ténèbres. En 1945, 13 États abolissent à leur tour la peine de mort. Aujourd’hui, 120 pays et Territoires l’ont abolie, de jure ou de facto. Ce sont là 120 traits de lumière lancés contre la nuit, 120 étincelles qui composent un vibrant brasier qui, si nous le voulons, finira par éclairer le monde comme un jour neuf. Si nous le voulons; et si nous luttons.
Car il ne faut pas se le cacher : la situation reste sombre et l’avenir incertain.Aujourd’hui encore, hélas, 76 pays maintiennent la peine de mort. En 2004, au moins 3797 personnes dans 25 pays et territoires ont été exécutées. Et 7395 personnes ont été condamnées à mort dans 64 pays. 97% des exécutions, en 2004, ont eu lieu en Chine, en Iran, au Vietnam et aux Etats-Unis.Aux Etats-Unis où, justement, Farley Matchett, pour qui nous sommes réunis ce soir, croupit, depuis 13 ans, dans une cellule du couloir de la mort, aux États-Unis où le système d’imposition de la peine capitale n’est pas seulement et comme toujours ignoble et inhumain mais est aussi notoirement arbitraire et discriminatoire.Il tue, de manière disproportionnée, des Afro-Américains et des pauvres.Il a tué des déficients intellectuels, il a tué des mineurs.Il condamne très certainement à mort des innocents, comme le montre le fait que 122 personnes ont été relâchées des couloirs de la mort en raison d’erreurs judiciaires.Sachez aussi que près de la moitié de ces 1000 exécutions qui ont été perpétrées aux États-Unis depuis 1976 ont eu lieu au Texas et en Virginie. Que 80% d’entre elles ont eu lieu dans le Sud du pays. Songez enfin que la peine de mort n’a aucun effet dissuasif particulier. Vous comprenez alors, en partie, les raisons de lutter contre le meurtre légal, froid, planifié. Mais en partie seulement. Car il y a plus important encore.C’est que, répétons-le, le meurtre judiciaire est un affront à la dignité humaine. Lors d’une exécution capitale, certains n’entendent résonner qu’un seul glas. C’est une erreur. Écoutez mieux. Il y en a deux. Le glas sonne d’abord pour le condamné à mort. Puis il sonne pour la société qui le tue, qui meurt elle aussi, à chaque fois, un peu, de ce meurtre qu’elle commet. C’est que le meurtre judiciaire ne fait jamais une seule victime et le sang des condamnés à mort rejaillit sur chacun de nous. C’est ainsi qu’à chaque exécution, c’est un peu de notre humanité commune qui est mise à mort. Chaque échafaud que l'on dresse, chaque guillotine que l’on monte, chaque chambre de mort que l’on prépare, retarde le jour où le sombre rocher de Sisyphe cessera de rouler et le fait s’abattre lourdement sur nous, fait grossir ce bloc de haine, de misère, de malheur et d'ignorance qui nous oppresse depuis trop longtemps.Vous voulez absolument éliminer des coupables? Prenez vous–en a ceux-là! Tuez la misère! Tuez l’ignorance! Tant que la peine de mort existera, il fera nuit. Nuit dans les tribunaux. Nuit sur la justice. Nuit sur nos vies. Nuit sur la Terre. Arrivera-t-on bientôt à la levée du jour? Il y a des raisons de l’espérer. Il y a des raisons de le penser. Il y a des raisons de le croire. Notre présence ici ce soir en est une. Chaque geste posé, chaque note chantée, chaque mot prononcé contre la peine de mort fait grandir le rayon de lumière.Nous ne sommes d’ailleurs pas les premiers abolitionnistes. D’autres, hier, aux Etats-Unis justement, luttaient pour abolir l’esclavage, cet autre crime suprême contre l’humanité. Quand William Lloyd Garrison fonde sa société anti-esclavagiste, il est à toutes fins utiles seul. Dix ans plus tard, le nombre d’adhérents est énorme, de nombreux journaux et organisations existent, se battent, espèrent, se battent en espérant, espèrent parce qu’ils se battent. À une vitesse fulgurante, les idées abolitionnistes gagnent du terrain. Bientôt le mouvement est irrésistible et irréversible.Et il vaincra.Le fait est qu’il y eut un 13 juillet 1789, qu’il y eût une jour d’avant l’abolition de l’esclave, un jour d’avant la fin de chaque guerre. Qu’il y aura, demain, un jour d’avant la fin de la peine de mort, un jour d’avant le Jour.La leçon des abolitionnistes d’hier vaut pour ceux d’aujourd’hui. Et c’est même à d’ex-esclaves ayant lutté pour l’abolition de la sordide institution que je demanderai de nous le rappeler, en leurs mots, comme autant d’encouragements à lutter à notre tour, sans désespérer et parce que la vérité et la justice finiront par l'emporter.Voici Frederick Douglass, ex-esclave s’étant appris lui-même à lire et à écrire et devenu orateur, philosophe et homme politique : «Toute l’histoire des progrès de la liberté humaine démontre que chacune des concessions qui ont été faites à ses nobles revendications a été conquise de haute lutte. Là où il n'y a pas de lutte, il n'y a pas de progrès. » Voici Harriett Tubman, ex-esclave étant retourné à de très nombreuses reprise dans le Sud, au risque de sa liberté et de sa vie, pour ramener au Nord des esclaves : «Je ne laisserai personne derrière moi, je n’abandonnerai personne»Nous non plus!Je vous propose de laisser le mot de la fin à un proverbe africain qui nous dit sagement que «La meilleure façon de prédire l’avenir est de travailler à le faire advenir.»Laissez-moi donc vous prédire l’avenir.La peine de mort sera universellement abolie. La nuit finira.Le jour se lève.

Normand Baillargeon
Cabaret La Tulipe Montréal, 4 décembre 2005

mardi 11 mars 2008

Une exécution coûte 3x plus cher!

Chercher à exécuter un criminel revient trois fois plus cher aux contribuables que de l'enfermer à vie, selon une étude publiée mercredi dans le Maryland, qui prend en compte le coût de l'incarcération et les frais de justice.Financée par une association locale de défense de la qualité de vie, cette étude se base sur les dossiers de plusieurs centaines de criminels condamnés entre 1978 et 1999 dans cet État qui a très peu recours à la peine de mort et envisage depuis plusieurs années de l'abolir.En moyenne, le total des frais de justice et d'incarcération d'un meurtrier condamné à la réclusion criminelle à perpétuité s'élève à 1,1 million de dollars. Si l'accusation requiert la peine capitale, il faut ajouter 670.000 dollars, en grande partie parce que le procès est plus long et plus complexe.Et si la condamnation à mort est prononcée, il faut encore ajouter 1,2 million de dollars pour faire face à l'interminable série d'appels quasi-automatiques que cela entraîne, ce qui porte le total à 3 millions de dollars.Entre 1978 et 1999, les procureurs du Maryland ont requis 162 fois la peine de mort contre un accusé, et l'ont obtenue 56 fois. Selon l'estimation de l'étude, ces procédures auront coûté aux contribuables de l'État 186 millions de dollars de plus que si l'accusation avait requis et obtenu la perpétuité.Or dans le Maryland, la plupart des condamnations à mort sont annulées en appel et les nouveaux procès aboutissent en général à la perpétuité. Au total, l'État a exécuté 5 condamnés depuis 1978 et compte aujourd'hui 5 détenus dans son couloir de la mort.
© copyright Agence mondiale d'information - AFP

mercredi 5 mars 2008

Le Livre De John

Résumé :
"La première, et peut-être la chose la plus importante que je vais vous dire, c’est que je vous ressemble beaucoup, à vous qui me lisez aujourd’hui. A 17 ans ma vie était celle de n’importe quel jeune qui aime s’amuser et partir à l’aventure. J’aimais faire la fête, traîner avec des amis sur la plage, et profiter de la vie pendant que j’étais encore un adolescent sans soucis. Je ne savais guère qu’on allait me voler ma vie et me mettre dans un système cruel, froid et corrompu… Ainsi s’exprime John dans un ds tous premiers textes qu’il a écrit au début de son incarcération il y a plus de dix ans. John a « fêté » en 2007 ses 30 ans en prison, il n’a pas quitté le système carcéral depuis ses 17 ans, et il a passé près de 10 ans dans le couloir de la mort de Polunsky Unit, au Texas.Ce livre témoigne des conditions de vie de John dans le couloir de la mort, à travers différents écrits, et sa correspondance avec une Française, Céline"
John देव्बेर्री

-->Né le 30 janvier 1977, John Dewberry a été arrêté le 3 janvier 1995, à l'âge de 17 ans, pour le meurtre d'un notable de la ville de Beaumont, Texas। En 1997, il a été condamné à la peine de mort à l'issue d'un procès expéditif et injuste. Il se bat depuis cette date pour faire annuler son procès et faire reconnaître son innocence. Après avoir passé près de 10 ans dans le couloir de la mort du Texas, John est désormais condamné à la prison à vie suite à l'abolition de la peine de mort pour les délinquants mineurs au moment des faits, par la cour suprême des Etats-Unis. De sa nouvelle prison texane, il se bat toujours pour recouvrer sa liberté.
Il reste une cinquantaine de livres à vendre!
Pour vous procurer ce livre....
rendez vous sur le blog de John que vous trouverez dans mes liens।
Et contactez Céline

dimanche 2 mars 2008

J'écoute



Toutes les nuits j'écoute le cri de la solitude, le cri du désir, le cri de la détresse, le cri des pensées, le cri de la liberté.
J'écoute toutes les nuits les cris des pensées changeantes, pleines de visions, le bruit des ronflements, des rires, des respirations, des espoirs, des souhaits.
J'écoute toutes les nuits la clameur de la haine, du desespoir, de la confusion, des joies et des chagrins.
J'écoute toutes les nuits le murmure de la torture, de la trsitesse, des traumatismes.
J'écoute toutes les nuits les cris de ces hommes jeunes devenus des vieillards avant l'heure, j'écoute leurs pleurs, leurs souffrances, leurs frustrations, leurs humiliations.
J'écoute toutes les nuits le son des rêves, des peurs anticipées et j'écoute les hurlements et le scris, les bruits de pas devant les portes, les souvenirs oubliés, les futurs incertains, les larmes de desespoir.
Mais aujourd'hui, j'écoute le claquement des portes, le frottement des sangles de cuir, je sens la brulure de l'aiguille et je sais qu'un jour je ne serai plus...
James L. Jackson.

jeudi 28 février 2008

La mort des innocents.




En racontant dans Dead Man Walking (La Dernière Marche) les ultimes moments d’un condamné à mort, sœur Helen Prejean a bouleversé les consciences américaines. Dans La mort des innocents, elle poursuit son combat contre la peine capitale. Elle présente tout d’abord les cas de Dobie Gillis Williams et de Joseph Roger O’Dell, et montre l’absurdité de leurs procès, l’impossibilité
qu’ils ont eue de se défendre. Son livre se poursuit par le démontage du système judiciaire américain, qui met en évidence le caractère structurel de l’erreur judiciaire. La peine de mort apparaît enfin comme le plus tragique vestige de la ségrégation raciale – au cours de vingt dernières années, 80 % des exécutions ont eu lieu dans les anciens États esclavagistes.
Paru en avril 2007

mardi 26 février 2008

Alabama


Cinquante ans après, l'Alabama réhabilite Rosa Parks
Plus d'un demi-siècle après que Rosa Parks eut refusé de céder son siège à un blanc dans un bus, les parlementaires de l'Alabama ont voté pour sa réhabilitation et celle d'autres personnes condamnées pour violation des lois ségrégationnistes. La "loi Rosa Parks" a été approuvée à l'unanimité par la Chambre des Représentants de l'Alabama, et seuls trois sénateurs ont voté contre le texte. Le gouverneur de l'Alabama, Bob Riley, doit à présent la signer pour qu'elle entre en vigueur. Elle permettra la réhabilitation de centaines d'activistes dont les casiers judiciaires sont entachés par des "actes de désobéissance civile" perpétrés dans le cadre de leur lutte pour les droits civiques des noirs. Le Sénat a modifié le texte de la loi afin de permettre aux musées de continuer à exposer ces casiers judiciaires ainsi qu'une photo célèbre de Parks, décédée en octobre dernier à l'âge de 92 ans. "Cela aurait dû être fait depuis longtemps", a déclaré le démocrate Thad McClammy, qui a parrainé le texte à la Chambre des Représentants.

jeudi 7 février 2008

Après 23 ans de couloir...


Un second condamné à mort s'est suicidé dans sa cellule du couloir de la mort au Texas en une semaine, ont annoncé lundi les services pénitentiaires de l'Etat.William Robinson s'est pendu à l'aide d'un drap vendredi dans le quartier psychiatrique de sa prison, selon Michelle Lyons, porte-parole des services pénitentiaires.Il a été secouru par les gardiens, mais a été déclaré en état de mort cérébrale à son arrivée à l'hôpital.Trois jours plus tôt, un autre condamné, Jesus Flores, s'est donné la mort dans sa cellule. Depuis 1974 et la réintroduction de la peine capitale au Texas, neuf suicides ont été enregistrés dans les couloirs de la mort.
© copyright Associated Press - AP

mardi 5 février 2008

José Martinez

De nationalité espagnole, Joaquin José Martinez a passé une partie de sa vie aux Etats-Unis. Le 28 janvier 1996, il est arrêté, et accusé du meurtre du fils du shérif de Brandon, en Floride, et de sa compagne. Interrogé, puis immédiatement mis sous les barreaux, il sera condamné à la peine capitale. Toutes les preuves scientifiques le donnaient pourtant innocent. Il passera trois ans dans le couloir de la mort, avant que son deuxième procès ne révèle de graves erreurs judiciaires, auxquelles se sont ajoutés faux témoignages et manipulations de preuves. José Joaquin Martinez est libre depuis le 7 juin 2001.
ECPM : Qu’est-ce qui a été, pour vous, le plus difficile, au cours de cette terrible expérience ?Le plus difficile, c'était d'être enfermé et loin des miens, de ma famille. Ce n'était pas tant le fait d'être condamné à mort, que le fait de ne pas avoir la liberté de voir mes parents.Je suis resté en prison cinq ans au total. Quand les gens me posent des questions, je leur dit que pour se rendre compte de ce que cela veut dire, ils n'ont qu'à effacer tout le bonheur qu'ils ont eu pendant les cinq dernières années de leur vie, les fêtes, les anniversaires, tout ce qu'ils ont vécu de beau. Et qu'ils le remplacent par le pire cauchemar. Cela, ils le comprennent bien.

ECPM : Avez-vous le sentiment d’avoir changé après ce passage dans les couloirs de la mort ?Avant, j'étais partisan de la peine de mort. La manière dont elle est présentée aux Etats-Unis ne laisse pas vraiment le choix. Aujourd'hui, le débat s'ouvre un peu, mais à l'époque, s’opposer à la peine de mort, c’était presque être un révolutionnaire, et c’était s’en prendre au gouvernement et aux fondements mêmes du pays. Moi, j'évoluais dans le monde de l'entreprise, et j'étais presque obligé de dire que j'étais pour la peine de mort - même si je n'en étais pas convaincu - simplement parce que c’est une question qui déchaîne les passions.Depuis, les choses ont changé. Des amis à moi ont été exécutés. J'ai vu l'autre visage de ces hommes, je les ai vus comme des personnes, comme des fils, comme des pères de famille. J'ai partagé les moments qu'ils ont passés avec leurs familles, des moments humains. Et je trouve cela tellement dommage. Ils ne devraient pas subir cela. Cela me touche énormément, cela m'affecte beaucoup.
ECPM : Qu’est-ce qui vous a permis d’échapper à l’exécution ?Ma famille et le soutien de tous, de toute l'Espagne, il y a eu tellement de gens! Je ne sais pas par où je devrais commencer… Toutes les associations, le Parlement européen, le roi d'Espagne, et même le Pape Jean-Paul II…J'ai eu beaucoup de chance.
ECPM : Depuis votre libération, vous vous êtes engagé dans le combat contre la peine de mort.Mon père avait fondé une association, mais je n'ai pas pu continuer son œuvre. En revanche, je suis présent dès qu’on me sollicite pour une conférence ou pour témoigner. Peu de gens peuvent me comprendre. C’est une expérience qui a changé ma vie. Mais je parle, et ma concubine m’aide énormément en ce sens.
ECPM : Etes-vous parvenu à dépasser cette expérience, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?Sur le plan personnel, je suis rétabli, récupéré, malgré ces 3 ans passés dans le couloir de la mort, et malgré la mort de mon père, qui m'a beaucoup affectée. Mais globalement, je suis stable, je travaille. Je voyage énormément pour des conférences sur la peine de mort, en Italie, en Belgique, et surtout en Espagne, où les gens connaissent mon histoire et l'ont suivie de près. Malgré tout, je sens quand même parfois que, sur le plan psychologique, il reste quelques séquelles de cette expérience.
ECPM : Que souhaiteriez-vous dire aux partisans de la peine capitale ?Je leur dirais que moi-même, j'étais en faveur de la peine de mort. Mais ce n'est pas une solution. Les gens trouvent toujours un moyen de justifier la peine capitale dans les affaires de meurtre. Mais elle cause toujours plus de tristesse, plus de problèmes, et plus de victimes.Je suis un très bon exemple. Je dis aux gens: « que ferais-tu si cela t'arrivait à toi? A un de tes proches? ». Mon père a été renversé par une moto il y a quelques années. Un jeune garçon de 17 ans la conduisait. Jamais je n'ai ressenti ce sentiment de revanche et de haine qu'on voit chez certains. Personne ne devrait être en faveur de la peine de mort.

Issue: wrongful-convictions

lundi 14 janvier 2008

Libre!

Agence mondiale d'information - AFP

Un Britannique, qui avait frôlé l'exécution aux Etats-Unis, a été libéré lundi d'une prison de l'Ohio (nord), après avoir passé plus de 21 ans dans le couloir de la mort."Il est sous le choc," a souligné son avocat Ken Parsigian."Il ne peut croire que cela soit vrai et il tente de rassembler ses esprits... Tout est nouveau".Kenneth Richey, un Ecossais de 43 ans, avait été condamné à mort pour avoir allumé un incendie dans lequel une petite fille de 2 ans avait trouvé la mort en juin 1986.La défense a toujours maintenu que l'incendie était accidentel, mais pour l'accusation, il avait mis le feu alors qu'il était très éméché pour tuer son ex-petite amie, qui venait de le quitter et dormait dans l'appartement du dessous.Né d'un père américain et d'une mère écossaise, Kenneth Richey a grandi à Edimbourg, avant de partir vivre avec son père dans l'Ohio à 18 ans. Depuis sa condamnation, il était devenu l'un des symboles de la lutte contre la peine de mort, soutenu par l'actrice Susan Sarandon, l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair et plusieurs associations de défense des droits de l'Homme.La cour d'appel fédérale de Cincinnati (Ohio) avait annulé la condamnation en janvier 2005, rétablie quelques mois plus tard par la Cour suprême. Puis, en août dernier, la même cour d'appel avait de nouveau annulé la condamnation, au motif que l'avocat de la défense n'avait pas cherché d'expert compétent pour réfuter la thèse de l'incendie criminel.Lundi, Richey a déclaré qu'il ne contestait pas les chefs d'inculpation d'effraction, d'homicide involontaire et de mise en danger de la vie d'un enfant, a indiqué la cour d'appel du Comté de Putnam.Mais cela ne signifie pas qu'il soit directement responsable de l'incendie ou de la mort de l'enfant, a précisé à l'AFP son avocat, joint par téléphone depuis le restaurant où il célébrait l'événement en compagnie de Kenneth Richey et de sa famille.Richey devrait retourner mardi en Ecosse. "Il n'est pas question qu'il revienne aux Etats-Unis", a souligné son avocat