jeudi 27 mars 2008

En 1976, la Cour Suprême des Etats-Unis a rétabli la peine de mort. Le 2 décembre dernier, Kenneth Lee Boyd, 57 ans, a été exécuté.
Il était la 1000e personne à être mise à mort aux Etats-Unis, depuis 1976.Prenons le temps de ressentir le poids terrible de ces chiffres, de ce meurtre et des 999 autres qui l’ont précédé.***

Le meurtre judiciaire est un affront à la dignité humaine, une sordide loi du Talion, indigne de nous, mais qui traverse, hélas, toute l’histoire humaine.Cela perdurera jusqu’en 1786. C’est en effet cette année-là que le Grand Duché de Toscane devient le premier État souverain à abolir la peine de mort. On peut n’y voir, sans doute, qu’un mince trait de lumière dans la sombre nuit de la vengeance: mais il ne va plus cesser de grandir, de s’amplifier et de faire reculer les ténèbres. En 1945, 13 États abolissent à leur tour la peine de mort. Aujourd’hui, 120 pays et Territoires l’ont abolie, de jure ou de facto. Ce sont là 120 traits de lumière lancés contre la nuit, 120 étincelles qui composent un vibrant brasier qui, si nous le voulons, finira par éclairer le monde comme un jour neuf. Si nous le voulons; et si nous luttons.
Car il ne faut pas se le cacher : la situation reste sombre et l’avenir incertain.Aujourd’hui encore, hélas, 76 pays maintiennent la peine de mort. En 2004, au moins 3797 personnes dans 25 pays et territoires ont été exécutées. Et 7395 personnes ont été condamnées à mort dans 64 pays. 97% des exécutions, en 2004, ont eu lieu en Chine, en Iran, au Vietnam et aux Etats-Unis.Aux Etats-Unis où, justement, Farley Matchett, pour qui nous sommes réunis ce soir, croupit, depuis 13 ans, dans une cellule du couloir de la mort, aux États-Unis où le système d’imposition de la peine capitale n’est pas seulement et comme toujours ignoble et inhumain mais est aussi notoirement arbitraire et discriminatoire.Il tue, de manière disproportionnée, des Afro-Américains et des pauvres.Il a tué des déficients intellectuels, il a tué des mineurs.Il condamne très certainement à mort des innocents, comme le montre le fait que 122 personnes ont été relâchées des couloirs de la mort en raison d’erreurs judiciaires.Sachez aussi que près de la moitié de ces 1000 exécutions qui ont été perpétrées aux États-Unis depuis 1976 ont eu lieu au Texas et en Virginie. Que 80% d’entre elles ont eu lieu dans le Sud du pays. Songez enfin que la peine de mort n’a aucun effet dissuasif particulier. Vous comprenez alors, en partie, les raisons de lutter contre le meurtre légal, froid, planifié. Mais en partie seulement. Car il y a plus important encore.C’est que, répétons-le, le meurtre judiciaire est un affront à la dignité humaine. Lors d’une exécution capitale, certains n’entendent résonner qu’un seul glas. C’est une erreur. Écoutez mieux. Il y en a deux. Le glas sonne d’abord pour le condamné à mort. Puis il sonne pour la société qui le tue, qui meurt elle aussi, à chaque fois, un peu, de ce meurtre qu’elle commet. C’est que le meurtre judiciaire ne fait jamais une seule victime et le sang des condamnés à mort rejaillit sur chacun de nous. C’est ainsi qu’à chaque exécution, c’est un peu de notre humanité commune qui est mise à mort. Chaque échafaud que l'on dresse, chaque guillotine que l’on monte, chaque chambre de mort que l’on prépare, retarde le jour où le sombre rocher de Sisyphe cessera de rouler et le fait s’abattre lourdement sur nous, fait grossir ce bloc de haine, de misère, de malheur et d'ignorance qui nous oppresse depuis trop longtemps.Vous voulez absolument éliminer des coupables? Prenez vous–en a ceux-là! Tuez la misère! Tuez l’ignorance! Tant que la peine de mort existera, il fera nuit. Nuit dans les tribunaux. Nuit sur la justice. Nuit sur nos vies. Nuit sur la Terre. Arrivera-t-on bientôt à la levée du jour? Il y a des raisons de l’espérer. Il y a des raisons de le penser. Il y a des raisons de le croire. Notre présence ici ce soir en est une. Chaque geste posé, chaque note chantée, chaque mot prononcé contre la peine de mort fait grandir le rayon de lumière.Nous ne sommes d’ailleurs pas les premiers abolitionnistes. D’autres, hier, aux Etats-Unis justement, luttaient pour abolir l’esclavage, cet autre crime suprême contre l’humanité. Quand William Lloyd Garrison fonde sa société anti-esclavagiste, il est à toutes fins utiles seul. Dix ans plus tard, le nombre d’adhérents est énorme, de nombreux journaux et organisations existent, se battent, espèrent, se battent en espérant, espèrent parce qu’ils se battent. À une vitesse fulgurante, les idées abolitionnistes gagnent du terrain. Bientôt le mouvement est irrésistible et irréversible.Et il vaincra.Le fait est qu’il y eut un 13 juillet 1789, qu’il y eût une jour d’avant l’abolition de l’esclave, un jour d’avant la fin de chaque guerre. Qu’il y aura, demain, un jour d’avant la fin de la peine de mort, un jour d’avant le Jour.La leçon des abolitionnistes d’hier vaut pour ceux d’aujourd’hui. Et c’est même à d’ex-esclaves ayant lutté pour l’abolition de la sordide institution que je demanderai de nous le rappeler, en leurs mots, comme autant d’encouragements à lutter à notre tour, sans désespérer et parce que la vérité et la justice finiront par l'emporter.Voici Frederick Douglass, ex-esclave s’étant appris lui-même à lire et à écrire et devenu orateur, philosophe et homme politique : «Toute l’histoire des progrès de la liberté humaine démontre que chacune des concessions qui ont été faites à ses nobles revendications a été conquise de haute lutte. Là où il n'y a pas de lutte, il n'y a pas de progrès. » Voici Harriett Tubman, ex-esclave étant retourné à de très nombreuses reprise dans le Sud, au risque de sa liberté et de sa vie, pour ramener au Nord des esclaves : «Je ne laisserai personne derrière moi, je n’abandonnerai personne»Nous non plus!Je vous propose de laisser le mot de la fin à un proverbe africain qui nous dit sagement que «La meilleure façon de prédire l’avenir est de travailler à le faire advenir.»Laissez-moi donc vous prédire l’avenir.La peine de mort sera universellement abolie. La nuit finira.Le jour se lève.

Normand Baillargeon
Cabaret La Tulipe Montréal, 4 décembre 2005

mardi 11 mars 2008

Une exécution coûte 3x plus cher!

Chercher à exécuter un criminel revient trois fois plus cher aux contribuables que de l'enfermer à vie, selon une étude publiée mercredi dans le Maryland, qui prend en compte le coût de l'incarcération et les frais de justice.Financée par une association locale de défense de la qualité de vie, cette étude se base sur les dossiers de plusieurs centaines de criminels condamnés entre 1978 et 1999 dans cet État qui a très peu recours à la peine de mort et envisage depuis plusieurs années de l'abolir.En moyenne, le total des frais de justice et d'incarcération d'un meurtrier condamné à la réclusion criminelle à perpétuité s'élève à 1,1 million de dollars. Si l'accusation requiert la peine capitale, il faut ajouter 670.000 dollars, en grande partie parce que le procès est plus long et plus complexe.Et si la condamnation à mort est prononcée, il faut encore ajouter 1,2 million de dollars pour faire face à l'interminable série d'appels quasi-automatiques que cela entraîne, ce qui porte le total à 3 millions de dollars.Entre 1978 et 1999, les procureurs du Maryland ont requis 162 fois la peine de mort contre un accusé, et l'ont obtenue 56 fois. Selon l'estimation de l'étude, ces procédures auront coûté aux contribuables de l'État 186 millions de dollars de plus que si l'accusation avait requis et obtenu la perpétuité.Or dans le Maryland, la plupart des condamnations à mort sont annulées en appel et les nouveaux procès aboutissent en général à la perpétuité. Au total, l'État a exécuté 5 condamnés depuis 1978 et compte aujourd'hui 5 détenus dans son couloir de la mort.
© copyright Agence mondiale d'information - AFP

mercredi 5 mars 2008

Le Livre De John

Résumé :
"La première, et peut-être la chose la plus importante que je vais vous dire, c’est que je vous ressemble beaucoup, à vous qui me lisez aujourd’hui. A 17 ans ma vie était celle de n’importe quel jeune qui aime s’amuser et partir à l’aventure. J’aimais faire la fête, traîner avec des amis sur la plage, et profiter de la vie pendant que j’étais encore un adolescent sans soucis. Je ne savais guère qu’on allait me voler ma vie et me mettre dans un système cruel, froid et corrompu… Ainsi s’exprime John dans un ds tous premiers textes qu’il a écrit au début de son incarcération il y a plus de dix ans. John a « fêté » en 2007 ses 30 ans en prison, il n’a pas quitté le système carcéral depuis ses 17 ans, et il a passé près de 10 ans dans le couloir de la mort de Polunsky Unit, au Texas.Ce livre témoigne des conditions de vie de John dans le couloir de la mort, à travers différents écrits, et sa correspondance avec une Française, Céline"
John देव्बेर्री

-->Né le 30 janvier 1977, John Dewberry a été arrêté le 3 janvier 1995, à l'âge de 17 ans, pour le meurtre d'un notable de la ville de Beaumont, Texas। En 1997, il a été condamné à la peine de mort à l'issue d'un procès expéditif et injuste. Il se bat depuis cette date pour faire annuler son procès et faire reconnaître son innocence. Après avoir passé près de 10 ans dans le couloir de la mort du Texas, John est désormais condamné à la prison à vie suite à l'abolition de la peine de mort pour les délinquants mineurs au moment des faits, par la cour suprême des Etats-Unis. De sa nouvelle prison texane, il se bat toujours pour recouvrer sa liberté.
Il reste une cinquantaine de livres à vendre!
Pour vous procurer ce livre....
rendez vous sur le blog de John que vous trouverez dans mes liens।
Et contactez Céline

dimanche 2 mars 2008

J'écoute



Toutes les nuits j'écoute le cri de la solitude, le cri du désir, le cri de la détresse, le cri des pensées, le cri de la liberté.
J'écoute toutes les nuits les cris des pensées changeantes, pleines de visions, le bruit des ronflements, des rires, des respirations, des espoirs, des souhaits.
J'écoute toutes les nuits la clameur de la haine, du desespoir, de la confusion, des joies et des chagrins.
J'écoute toutes les nuits le murmure de la torture, de la trsitesse, des traumatismes.
J'écoute toutes les nuits les cris de ces hommes jeunes devenus des vieillards avant l'heure, j'écoute leurs pleurs, leurs souffrances, leurs frustrations, leurs humiliations.
J'écoute toutes les nuits le son des rêves, des peurs anticipées et j'écoute les hurlements et le scris, les bruits de pas devant les portes, les souvenirs oubliés, les futurs incertains, les larmes de desespoir.
Mais aujourd'hui, j'écoute le claquement des portes, le frottement des sangles de cuir, je sens la brulure de l'aiguille et je sais qu'un jour je ne serai plus...
James L. Jackson.